La question permanente sur la justice

La Fontaine de la Justice.
Première étape de mon tour d’horizon de l’histoire de la démocratie suisse

Mes très vénérables invités !

Je vous salue et je vous souhaite la bienvenue à notre tour de ville aujourd’hui !

Dans ma profession principale je suis politologue et je m’occupe notamment de la démocratie directe. Toutefois, je suis aussi historien de formation et je me promène avec intérêt dans les ruelles de Berne et de quelques autres villes. Depuis un certain temps, j’invite des gens intéressés à m’accompagner dans ma marche. Aujourd’hui c’est vous !

Pour aujourd’hui, j’ai trois objectifs : Premièrement vous offrir un court tout d’horizon de la ville de Berne. Vous pourrez ainsi apprendre quelque chose de l’histoire contemporaine de cette ville, du canton ainsi que de la Suisse. Enfin, j’aimerais progressivement vous montrer comment on peut analyser le système politique suisse d’un point de vue politologique.

J’ai consciencieusement choisi cet endroit pour notre début de tour d’horizon. C’est la Fontaine de la Justice, elle se trouve dans la Rue de la Justice. Et elle symbolise d’ailleurs le plus grand thème de tous les temps : la perpétuelle quête de la justice.

La justice a sans doute à faire avec l’égalité, l’équilibre, le partage. Les politologues de nos jours disent : il y a la justice procédurale quand les processus politiques roulent conformément à la loi. Il y a la justice des échanges quand les processus du donner et du recevoir se font harmonieusement. Et enfin la justice distributive. Pour les uns c’est par exemple l’égalité des chances, pour les autres l’égalité des positions.

Les réponses qu’on donne à la quête de la justice dépendent des visions du monde que l’on a. Ces dernières sont imprégnées des cultures politiques de nos sociétés.

La plus grande recherche mondiale sur l’évolution culturelle sur le niveau international dit : les cultures politiques diffèrent essentiellement en deux dimensions :

En masse, par le fait que les valeurs traditionnelles et religieuses font place aux valeurs séculaires-rationnelles, et

En masse, en ce que la survie collective ou l’épanouissement individuel sont privilégiés.

La Suisse n’est pas championne dans ces changements de valeur mais clairement parmi les pays les plus avancés dans ce processus. Sa culture est clairement séculaire-rationnelle et imprégnée d’un individualisme prononcé.

Plus concrètement ça veut dire qu’aujourd’hui le fait d’élire et de voter n’est plus un acte de manifestation d’une souveraineté nationale suisse mais plutôt l’expression des convictions personnelles qui devraient trouver leur accomplissement dans la volonté collective des autorités. Le style politique actuel est dépourvu de toute revendication religieuse. Il est par contre clairement orienté vers le bien-être économique de la collectivité.

Ça n’a pas toujours été ainsi !

La politique culturelle de la Suisse a ses origines dans des conflits lointains et profonds. Ses origines ont été marquées par les rivalités régionales, par les frictions entre centre et périphérie, entre villes et campagnes, entre le catholicisme et le protestantisme, entre les langues germaniques et romanes ainsi qu’entre les idéologies politiques. Après des phases de guerre civile, on a toujours recherché et trouvé l’équilibre. C’est pourquoi en Suisse domine un esprit de concordance, lequel sert à préserver la paix intérieure.

Avec cette évolution, la discordance n’a pourtant pas disparu. C’est ainsi que toutes les fontaines à Berne symbolisent une de ces discordances : la réforme. Elle a été introduite à Zürich par Huldrich Zwingli en 1525 et à Berne, le gouvernement de 1528 l’implémenta grâce à une décision politique. Berne, une ville catholique avec une affinité prononcée pour le Pape, devint ainsi très rapidement le centre de la réforme. C’est ce même gouvernement bernois qui permit à Calvin de quitter Bâle pour Genève, d’où le calvinisme se répandit dans le monde.

Cette évolution eut des conséquences jusque dans l’expression artistique. Les arts se firent rares dans la ville de Berne qui avait été fondée par le duc souabe de Zahringen en 1191. La ville de Berne désormais réformée engagea alors Hans Gieng, un artiste de la ville voisine de Fribourg (qui était restée catholique), pour sculpter la plupart des fontaines qu’on peut encore admirer aujourd’hui.

Hans Gieng ne put rester indifférent au thème le plus brûlant de son temps. Il illustra sur cette fontaine non seulement la justice mais aussi les portraits des quatre Grands de son temps :

Le pape, à l’époque Pie III, qui, avec le concile de Trente, lança la contre-réforme,

L’empereur, à l’époque Charles V, qui avait érigé un énorme empire catholique sur terre,

Le Sultan Souleymane Premier appelé le Magnifique qui envisageait de conquérir la Vienne chrétienne,

Le roi Ferdinand Premier, le frère de l’empereur, qui régnait sur la Bohème et la Hongrie et qui s’illustra comme grand ennemi des ottomans.

Détail piquant : Hans Gieng représenta ces théocrates, monarques et despotes les yeux fermés sur la fontaine. Il les voyait tous fermer les yeux sur les injustices perpétrées sous leur règne. Il fit de même pour son portrait de la justice. Pour cette dernière toutefois pour une autre raison : le rôle de la justice est de fermer les yeux quand la loi décide.

La justice portrayée sur cette fontaine de la « ruelle de la justice » n’a pas toujours régné dans la ville. Jusqu’à ce moment, l’avoyer, qui était à la fois politicien, le souverain et le juge, régnait d’une main ferme et despotique. Ce qui contribua à sa propre ruine.

Où cela se passa, je vous raconte à notre prochaine station.

Randonneur urbain

(Traduction: Patrick Mbonyinshuti Aebersold)

petite histoire de la démocratie suisse

am mittwoch debattiert das parlament den gpk-bericht und den umgang dazu. je nachdem, was dabei herauskommt, wird das wohl der höhe- oder tiefpunkt des wahlkampfes 2007 sein. für die einen ist die stunde der klärung oder der abrechnung; für die anderen ist es jetzt schon das ende der konkordanz. dramatik pur steht also an!


stationen meiner demokratietour für die oecd-delegation vom mittwoch (fotos: stadtwanderer, anclickbar)

genau an diesem tag findet auch meine prominenteste stadtwanderung im wahljahr 2007 statt: eine weltweit zusammengestellte delegation der oecd weilt in der schweiz, um eine tagung zum regierungssystem der schweiz im internationalen vergleich abzuhalten. und ich werde im rahmenprogramm dazu meine stadtwanderung zur demokratietour machen.

die tour wird auf französisch und englisch sein. das tut gut, denn so muss man sich nicht nur überlegen, was sache ist aus ausländischer sicht, sondern auch, wie die begriffe in anderen sprachen heissen und vor welchem hintergrund sie tönen.

da zahlreiche werte des politischen systems der schweiz durchaus französisch-revolutionären hintergrund haben, habe ich mich entschieden, die aktuelle fassung der demokratietour in der sprache rousseaus auf dem stadtwanderer zu veröffentlichen.


weitere stationen auf meiner demokratietour für die oecd-delegation vom mittwoch, wo das ende ist verate ich noch nicht! (fotos: stadtwanderer, anclickbar)

lesen sie also ab heute “la petite histoire de la démocratie suisse”, – eine kurzgeschichte in 7 stationen. die ersten sechs stationen sind bekannt, die siebte ist eine überraschung, wohl für fast alle! ich freue mich jetzt schon.

randonneur urbain

ps:
lange habe ich studiert, wegen der gross- und kleinschreibung auf französisch. schliess habe ich mich an die weisung des übersetzers, patrick mbonyinshuti äbersold gehalten.